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Page 24
De même que la Ville par excellence finit par admettre dans son sein presque toutes les croyances, par naturaliser les dieux les plus éloignés et les plus hétéroclites, et les cultes les plus divers, - - le gouvernement impérial, conscient du prestige qui s'attachait au nom romain, ne craignit pas de conférer la cité romaine, le titre et les privilèges du civis romanus à des hommes de toutes races et de toutes langues. Ainsi, par le fait de la même Rome, les dieux cessent d'être attachés à une tribu, à une localité, à une montagne, à un temple ou à une ville, pour devenir universels, et en quelque sorte communs; - et d'autre part, la race, la langue et la qualité de vainqueur ou de vaincu, de conquérant ou de conquis, le cèdent à une condition juridique et politique uniforme qui n'est inaccessible à personne. L'empereur lui-même peut être un Gaulois, un Sarmate, un Syrien, et il peut sacrifier à des dieux très étrangers... C'est une immense nouveauté politique.
Mais le christianisme, à la parole de saint Pierre, quoique l'une des très rares religions qui fussent mal vues à Rome, le christianisme, issu de la nation juive s'étend de son côté aux gentils de toute race; il leur confère par le baptême la dignité nouvelle de chrétien comme Rome conférait à ses ennemis de la veille la cité romaine. Il s'étend peu à peu dans le lit de la puissance latine, il épouse les formes de l'empire. Il en adopte même les divisions administratives (civitas au Ve siècle désigne la ville épiscopale). Il prend tout ce qu'il peut à Rome, il y fixe sa capitale et non point à Jérusalem. Il lui emprunte son langage. Un même homme né à Bordeaux peut être citoyen romain et même magistrat, il peut être évêque de la religion nouvelle. Le même Gaulois, qui est préfet impérial, écrit en pur latin de belles hymnes à la gloire du fils de Dieu qui est né juif et sujet d'Hérode. Voici déjà un Européen presque achevé. Un droit commun, un dieu commun; le même droit et le même dieu; un seul juge pour le temps, un seul juge dans l'éternité.
Mais, tandis que la conquête romaine n'avait saisi que l'homme politique et n'avait régi les esprits que dans leurs habitudes extérieures, la conquête chrétienne visé et atteint progressivement le profond de la conscience. je ne veux même pas essayer de mesurer les modifications extraordinaires que la religion du Christ a imposées à cette conscience qu'il fallait rendre universelle. Je ne veux même tenter de vous exposer comment la formation de l'Européen en a été singulièrement influencée. je suis contraint de ne me mouvoir qu'à la surface des choses, et d'ailleurs les effets du christianisme sont bien connus.
Cf. Cicero, I have spared no pains to make myself master of the Greek language and learning
Schiller, A glorious humanity
Hugo, In a grand parliament of intelligence
Emerson, When the Gods come among men - Disclosing in every fact a germ of expansion
Ortega y Gassett, The birth of the city
Aeschylus, Nobody's slaves
Plato, Tyranny and slavery
Gennadius Scholarius, Words are the fathers of all Good
Pope Benedict XVI, The Papal Science