Regardons en nous-mêmes et regardons autour de nous. Considérons la
ville, ou bien feuilletons au hasard quelques livres; ou mieux encore,
observons en nos cœurs leurs mouvements les plus naïfs...
Nous souhaitons, nous imaginons avec complaisance bien des étrangetés, et
ces souhaits sont fort antiques, et il semble que l'homme ne se résoudra
jamais à ne pas les former... Relisez la Genèse. Dès le seuil du livre
sacré, et les premiers pas dans le premier jardin, voici paraître le rêve de
la Connaissance, et celui de l'Immortalité : ces beaux fruits de l'arbre de
vie et de l'arbre de science, nous attirent toujours. Quelques pages plus
loin, vous trouverez dans la même Bible les rêves dune humanité tout unie,
et collaborant à la construction d'une tour prodigieuse. « Ils étaient un
seul peuple et ils avaient pour eux une même langue... » Nous le rêvons
encore.
Vous y trouverez aussi l'histoire étrange de ce prophète qui, englouti
par un poisson, put se mouvoir dans l'épaisseur de la mer...
Chez les Grecs, il est des héros qui se construisent des appareils
volants. D'autres savent apprivoiser les fauves, et leur parole miraculeuse
déplace les montagnes, fait se mouvoir les blocs, opère des constructions de
temples, par une sorte de télémécanique merveilleuse...
Agir à distance; faire de l'or; transmuter les métaux; vaincre la mort;
prédire l'avenir; se déplacer dans des milieux interdits notre espèce;
parler, voir, entendre, d'un bout du monde à l'autre; aller visiter les
astres; réaliser le mouvement perpétuel, que sais-je, - nous avons fait tant
de rêves que la lifte en serait infinie. Mais l'ensemble de ces rêves forme
un étrange programme dont la poursuite et comme liée à l'histoire même des
humains.