Ces mesures sont inséparables les unes des autres ; ce sont elles qui
distinguent la création d'un marché commun des mesures fragmentaires de
libération des échanges, toujours révocables et presque toujours compensées
par d'autres moyens de protection.
Le marché commun ne provoque les transformations de structures et les
changements d'attitude nécessaires au progrès que si chacun, producteur et
consommateur, sait qu'il est définitif.
Mais on ne peut demander aux Etats de renoncer à toute protection s'ils
n'ont, en même temps, une garantie qu'aucun d'entre eux n'abusera de cette
ouverture du marché par des actes d'agression économique.
On ne peut demander aux producteurs de se soumettre à cette concurrence
élargie, à moins qu'ils n'aient des garanties contre les pratiques déloyales
et les moyens discriminatoires.
On ne peut demander aux travailleurs de s'associer aux transformations
nécessaires que s'ils ont l'assurance, non seulement que tous les moyens
seront mis en oeuvre pour les mettre à l'abri des charges de la
réadaptation, mais aussi qu'ils bénéficieront personnellement du progrès
général que ces transformations entraînent.
Et l'ensemble des consommateurs ne forme véritablement un marché et ne
bénéficie des avantages de la Communauté que si les discriminations sont
interdites, si toutes les activités sont traitées sur le même pied et
obtiennent les mêmes chances de se développer. C'est seulement si la
concurrence entre les utilisateurs n'est pas faussée par des discriminations
exercées par les producteurs ou par les Etats, que la mise en communication
des marchés assure la répartition la plus rationnelle des activités et le
plus grand progrès de la productivité.