Les actes de la Haute Autorité sont susceptibles de recours en justice.
Ce n'est pas devant les tribunaux nationaux que de tels recours seront
portés, mais devant un tribunal européen, la Cour de justice.
Toutes ces institutions pourront être modifiées et améliorées à
l'expérience. Ce qui ne sera pas remis en question, c'est qu'elles sont des
institutions supranationales et, disons le mot, fédérales. Ce sont des
institutions qui, dans la limite de leur compétence, sont souveraines,
c'est-à-dire dotées du droit de décider et d'exécuter.
Le charbon et l'acier ne sont toutefois qu'une partie de la vie
économique. C'est pourquoi une liaison constante doit être assurée entre la
Haute Autorité et les Gouvernements qui demeurent responsables de la
politique économique d'ensemble de leurs Etats. Le Conseil de Ministres a
été créé, non pour exercer un contrôle ou une tutelle, mais pour établir
cette liaison et assurer l'harmonie entre la politique de la Haute Autorité
et celle des Etats membres.
Ce vaste marché, origine et but de notre entreprise, est la mise en
commun de marchés nationaux qui étaient auparavant séparés. Notre expérience
quotidienne confirme que, pour le réaliser, pour qu'il produise ses effets,
il faut des règles qui gouvernent son fonctionnement, des ajustements
graduels dans son établissement et des institutions qui veillent à ces
règles et à ces transitions.
Il ne sert de rien, en effet, de supprimer les contingents s'ils peuvent
être remplacés par un rétablissement ou un relèvement de droits de douane.
Il ne sert de rien d'éliminer, à la fois, les contingents et les droits
de douane si l'on maintient les discriminations dans les tarifs de
transport, dont l'effet est équivalent.
Il ne sert de rien d'éliminer ces barrières et ces discriminations si
l'on laisse le champ libre à une répartition des marchés convenue entre les
cartels de producteurs.