Messieurs, vous m'avez permis de vous adresser quelques paroles de
bienvenue; permettez-moi de vous adresser quelques paroles d'adieu.
Je serai très court, l'heure est avancée, j'ai présent à l'esprit
l'article 3 du règlement, et, soyez tranquilles, je ne m'exposerai pas à me
faire rappeler à l'ordre par le président. (On rit.)
Nous allons nous séparer, mais nous resterons unis de cœur. (Oui! oui!)
Nous avons désormais une pensée commune, messieurs; et une commune pensée,
c'est, en quelque sorte, une commune patrie. (Sensation.) Oui, à
dater de ce jour, nous tous qui sommes ici, nous sommes compatriotes! (Oui!
oui!)
Vous avez pendant trois jours délibéré, discuté, approfondi, avec sagesse
et dignité, de graves questions, et à propos de ces questions, les plus
hautes que puisse agiter l'humanité, vous avez pratiqué noblement les
grandes murs des peuples libres.
Vous avez donné aux gouvernements des conseils, des conseils amis qu'ils
entendront, n'en doutez pas! (Oui! oui!) Des voix éloquentes se sont
élevées parmi vous, de généreux appels ont été faits à tous les sentiments
magnanimes de l'homme et du peuple ; vous avez déposé dans les esprits, en
dépit des préjugés et des inimitiés internationales, le germe impérissable
de la paix universelle.
Savez-vous ce que nous voyons, savez-vous ce que nous avons sous les yeux
depuis trois jours? C'est l'Angleterre serrant la main de la France, c'est
l'Amérique serrant la main de l'Europe, et quant à moi, je ne sache rien de
plus grand -et de plus beau! (Explosion d'applaudissements.)