Oui, je le dis en terminant, l'ère des révolutions se ferme, l'ère des
améliorations commence. Le perfectionnement des peuples quitte la forme
violente pour prendre la forme paisible. Le temps est venu où la providence
va substituer à l'action désordonnée des agitateurs l'action religieuse et
calme des pacificateurs. (Oui! oui!)
Désormais, le but de la politique grande, de la politique vraie, le voici
: faire reconnaître toutes les nationalités, restaurer l'unité historique
des peuples et rallier cette unité à la civilisation par la paix, élargir
sans cesse le groupe civilisé, donner le bon exemple aux peuples encore
barbares, substituer les arbitrages aux batailles; enfin, et ceci résume
tout, faire prononcer par la justice le dernier mot que l'ancien monde
faisait prononcer par la force. (Profonde sensation.)
Messieurs, je le dis en terminant, et que cette pensée nous encourage, ce
n'est pas aujourd'hui que le genre humain est en marche dans cette voie
providentielle. Dans notre vieille Europe, l'Angleterre a fait le premier
pas, et par son exemple séculaire elle a dit aux peuples: Vous êtes libres.
La France a fait le second pas, et elle a dit aux peuples : Vous êtes
souverains. Maintenant faisons le troisième pas et tous ensemble, France,
Angleterre, Belgique, Allemagne, Italie, Europe, Amérique, disons aux
peuples: Vous êtes frères! (Immense acclamation. L'orateur se rassied au
milieu des applaudissements.)