Victor HUGO, Actes et paroles: Avant l'exil
(1849-1851), Paris, Fasquelle 1930, pp. 151-162.
DISCOURS D'OUVERTURE
21 août 1833
M. Victor Hugo est élu président. M. Cobden est élu vice-président.
M. Victor Hugo se lève et dit:
Messieurs, beaucoup d'entre vous viennent des points du globe les plus
éloignés, le cœur plein d'une pensée religieuse et sainte. Vous comptez dans
vos rangs des publicistes, des philosophes, des ministres des cultes
chrétiens, des écrivains éminents, plusieurs de ces hommes considérables, de
ces hommes publics et populaires qui sont les lumières de leur nation. Vous
avez voulu dater de Paris les déclarations de cette réunion d'esprits
convaincus et graves, qui ne veulent pas seulement le bien d'un peuple, mais
qui veulent le bien de tous les peuples. (Applaudissements.) Vous
venez ajouter aux principes qui dirigent aujourd'hui les hommes d'état, les
gouvernants, les législateurs, un principe supérieur. Vous venez tourner en
quelque sorte le dernier et le plus auguste feuillet de l'évangile, celui
qui impose la paix aux enfants du même Dieu, et, dans cette ville qui n'a
encore décrété que la fraternité des citoyens, vous venez proclamer la
fraternité des hommes.
Soyez les bienvenus! (Long mouvement.)
En présence d'une telle pensée et d'un tel acte, il ne peut y avoir place
pour un remerciement personnel. Permettez-moi donc, dans les premières
paroles que je prononce devant vous, d'élever mes regards plus haut que
moi-même, et d'oublier, en quelque sorte, le grand honneur que vous tenez de
me conférer, pour ne songer qu'à la grande chose que vous voulez faire.