Équilibrer deux forces, c'est les soumettre à une loi qui, les tenant en
respect l'une par l'autre, les mette d'accord. Qui va nous fournir ce nouvel
élément, supérieur à l'Autorité et à la Liberté, et rendu par leur mutuel
consentement la dominante du système ? - Le contrat, dont la teneur fait
DROIT, et s'impose également aux deux puissances rivales
(4).
(4) Il y a trois manières de concevoir la
loi, selon le point de vue où se place l'être moral et la qualité qu'il
prend lui-même, comme croyant, comme philosophe et comme citoyen.
La loi est le commandement intimé à l'homme au nom de Dieu par une
autorité compétente : c'est la définition de la théologie et du droit divin.
La loi est l'expression du rapport des choses : c'est la
définition du philosophe, donnée par Montesquieu.
La loi est le statut arbitral de la volonté humaine (De la
Justice dans la Révolution et dans l'Église, 8° Étude) : c'est la
théorie du contrat et de la fédération.
La vérité étant une, bien que d'aspect variable, ces trois définitions
rentrent l'une dans l'autre et doivent être regardées au fond comme
identiques. Mais le système social qu'elles engendrent n'est pas le même :
par la première, l'homme se déclare sujet de la loi et de son auteur ou
représentant ; par la seconde, il se reconnaît partie intégrante d'un vaste
organisme ; par la troisième, il fait la loi sienne et s'affranchit de toute
autorité, fatalité et domination. La première formule est celle de l'homme
religieux ; la seconde celle du panthéiste ; la troisième celle du
républicain. Celle-ci seule est compatible avec la liberté.