L'histoire et l'analyse, la théorie et l'empirisme, nous ont conduits, à
travers les agitations de la Liberté et du Pouvoir, à l'idée d'un contrat
politique.
Appliquant aussitôt cette idée et cherchant à nous en rendre compte, nous
avons reconnu que le contrat social par excellence était un contrat de
fédération, due nous avons défini en ces termes : Un contrat
synallagmatique et commutatif, pour un ou plusieurs objets déterminés, mais
dont fa condition essentielle est que les contractants se réservent toujours
une part de souveraineté et d'action plus grande que celle qu'ils
abandonnent.
Juste le contraire de ce qui a lieu dans les anciens systèmes,
monarchiques, démocratiques et constitutionnels, où, par la force des
situations et l'entraînement des principes, les particuliers et les groupes
sont censés abdiquer entre les mains d'une autorité imposée ou élue leur
souveraineté tout entière, et obtiennent moins de droits, conservent moins
de garanties et d'initiative, qu'il ne leur incombe de charges et de
devoirs.
Cette définition du contrat de fédération est un pas immense, qui va nous
donner la solution tant cherchée.
Le problème politique, avons-nous dit Chap. Ier, ramené à son
expression la plus simple, consiste à trouver l'équilibre entre deux
éléments contraires, l'Autorité et la Liberté. Toute fausse balance se
traduit immédiatement, pour l'Etat en désordre et ruine, pour les citoyens
en oppression et misère. En autres termes, les anomalies ou perturbations de
l'ordre social résultent de l'antagonisme de ses principes ; elles
disparaîtront quand les principes seront coordonnés de telle sorte qu'ils ne
se puissent plus nuire.