C'est pourquoi, en janvier dernier, quand on pensa à mettre en œuvre la
deuxième phase du Traité, autrement dit, un commencement pratique
d'application, nous avons été amenés à poser comme condition formelle
l'entrée de l'agriculture dans le Marché Commun.
Ce fut finalement accepté par nos partenaires mais il y fallut des
arrangements très complexes et très difficiles. Et encore certains
règlements sont-ils toujours en cours. Je note en passant que, dans cette
vaste entreprise, toutes les décisions prises l'ont été par les
Gouvernements, car il n'y a nulle part ailleurs d'autorité, ni de
responsabilité. Mais je dois dire que, pour préparer et éclairer les
affaires, la Commission de Bruxelles a travaillé d'une façon très objective
et très pertinente.
La-dessus la Grande-Bretagne a posé sa candidature au Marché Commun. Elle
l'a fait après s'être naguère refusée à participer à la Communauté qu'on
était en train de bâtir, après avoir créé une sorte de libre échange avec
six autres Etats, après avoir enfin - je peux bien le dire, on se rappelle
les négociations qui ont été menées si longuement à ce sujet - après avoir
fait quelques pressions sur les Six pour empêcher que ne commence réellement
l'application du Marché Commun, l'Angleterre donc a demandé à son tour à y
entrer, mais suivant ses propres conditions.
Cela pose sans aucun doute à chacun des six Etats et cela pose à
l'Angleterre des problèmes d'une très grande dimension.
L'Angleterre, en effet, est insulaire, maritime, liée par ses échanges,
ses marchés, son ravitaillement, aux pays les plus divers et souvent les
plus lointains. Elle exerce une activité essentiellement industrielle et
commerciale et très peu agricole. Elle a, dans tout son travail, des
habitudes et des traditions très marquées, très originales.
Bref, la nature, la structure, la conjoncture qui sont propres à
l'Angleterre diffèrent profondément de celles des autres continentaux.